- Equipe Grenet - Dimanche 4 janvier 1942 Falque rentre de permission. Quelques-uns essayent leurs skis. Rien à signaler. Lundi 5 janvier L'école de ski ne commencera effectivement qu'après la piqûre qui doit avoir lieu mercredi. Le soir, arrive au chalet, complètement remis, l'œil vif, l'allure dégagée, toujours aussi digne et catégorique, notre ami Barneau. Marseille, dégoûtée, nous l'a renvoyé. Enfin, nous le réadmettons dans notre communauté. Quant à Carteron, de peur de ne pas partir à temps à Uriage, il est arrivé avec trois jours d'avance. Non vraiment il y a des tronches inouies dans ce chalet. Mardi 6 janvier Par un froid de canard, de concert avec Martin Lalande, le tenant de ces lignes rentre de permission. Le chalet lui semble toujours aussi agréable et sympathique. Presque la totalité au chalet est piquée, aussi quel repos ! Mercredi 7 janvier La piqûre a fait son effet sur pas mal d'entre nous. L'alcool ingurgité en perm en serait la cause ? N'est-ce pas Jeunet, Fouchère, Carteron ? Il paraît que Carteron a passé sa permission dans la loge du général Bergeret. Son compère Lemoine s'introduit à son tour dans le chalet avec trois jours d'avance, qui dit mieux ? Jeudi 8 janvier Plusieurs d'entre nous partent en stage: Lemoine, Pfeiffer, Carteron à Uriage comme apprentis rigolos, Honilh et Martin Lalande à Pralognan comme apprentis chefs d'équipe. Pfeiffer est heureux comme un roi, il est vrai qu'après sa première expérience au chalet, il lui fallait un air nouveau. Vendredi 9 janvier Ils sont partis, Carteron profite de sa dernière nuit pour se venger de Fouchère : "Un tient vaut mieux que deux tu l'auras". Samedi 10 janvier Début de l'école de ski. Barneau fait connaissance avec les planches. Quelle rigolade, les dessins de Dubois n'ont rien d'exagéré ! L'après-midi, repos et coupe de bois. ![]() Dimanche 11 janvier Rien à signaler. Lundi 12 janvier Ecole de ski. Tout le monde sur la piste. Horaire : 4 heures de planches par jour. Barneau en est tout ému. Mutte regagne le chalet. Loth est muté de Roselend à St Guérin pour sa plus grande joie. Mardi 13 janvier L'école fonctionne à plein, dérapage latéral, chasse-neige, slalom, descente directe. Quelques chutes, rien de grave. Les premières ampoules font leur apparition. Jeudi 15 janvier Ce qu'il faut de peine pour arriver à la méthode française. Fouchère, le soir, dirige un cercle d'étude sur : "La place de la jeunesse dans la nation", sujet passionnant et qui donne lieu à moult discussions. Vendredi 16 janvier Les chefs descendent à Beaufort. Le groupe I partira le samedi 24 pour Notre Dame de Bellecombe, de plus nous devons abattre 33 troncs au col du Pré pour le Centre. A part cela, tout va bien. Samedi 17 janvier Course de fond, Péchoux dans un style superbe distance de loin tous ses concurrents. Rien à signaler. Charavin à toujours sa hernie et continue à jouer de la guitare. Dimanche 18 janvier Le repos dominical est mis à profit par le chef Seguin pour se démolir un genou sur le slalom. Rude alerte mais rien de très sérieux. Lundi 19 janvier L'école continue régulièrement. Falque dirige une conférence sur "le Travail" et le chef Seguin sur "le Beaufortain". Mardi 20 janvier Toujours l'école de ski. A part cela, depuis huit jours, le jeu d'échecs a fait de nombreux adeptes, Charavin en rêve la nuit. Mercredi 27 janvier Piqûre ultime pour la majorité au chalet. Le successeur de Martin Lalande, espèce de niçois optimiste, monte nous piquer... sans aiguilles. Total, nous ne recevons le sérum qu'à trois heures et demie. Falcoz, à la déception générale, ne s'est même pas évanoui. Jeudi 22 janvier Repos général. Avice mange comme un goinfre, et ne s'en porte que mieux. Une équipe part à la coupe de bois et rentre le soir fourbue. Quelques malades. |
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Vendredi 23 janvier![]() |
Rien à signaler. Toujours la coupe de bois et les non piqués au ski. Le chef de Montmarin, comme en témoigne son énergique signature, est venu nous rendre visite. Il était, paraît-il, satisfait de son inspection à St Guérin. Le chalet pleure Charavin notre digne géant à figure de bébé, notre charmant guitariste nous quitte pour aller se faire opérer de sa hernie. Vite, que revienne parmi nous son accent si doux, ses chansons endiablées et sa personne un peu désordre. |
Samedi 24 janvier Le groupe de ski n° I, sous la direction du chef Guers et du chef Mollier joyeusement se lève pour partir à Notre Dame de Bellecombe. Dehors il neige, comme tous les samedis, nous partons ; en route quelques avalanches ont déjà obstrué la route. La neige tombe de plus en plus fort, aussi à Arêches, le chef Guers décide de nous faire remonter pour déblayer la route et faire la trace au miaule qui monte notre "ravito". Nous attendons le miaule pendant trois heures, puis abandonnant le raid projeté, nous regagnons notre bon chalet où sa chaude atmosphère nous accueille. Chacun s'organise pour passer la tempête le mieux possible. Dimanche 25 janvier Il neige toujours, plus d'1 mètre est tombé, nous déblayons le devant de la porte pour le salut aux Couleurs. Impossible de descendre au courrier. Lundi 26 janvier Journée calme, il neige, personne ne peut descendre. Une équipe fait du bois, une autre prépare un dégagement. Bardet, dans l'après-midi, fait une conférence remarquable par son intérêt sur l'exploration des cavernes (spéléologie). Une surprise, le chef Mollier et Reboul traversent une série d'avalanches pour rejoindre le chalet. Le courrier, grâce à eux vient réjouir quelques cœurs. Le dégagement a l'heur de plaire (merci). Mardi 27 janvier Pour la première fois depuis samedi, des volontaires descendent à Arêches pour chercher le courrier, deux autres à Beaufort pour prendre la viande, les autres déblayent la route à la pelle. On murmurait dans le chalet que Carteron, Lemoine et Pfeiffer devaient rentrer aujourd'hui. Dommage, ce n'était qu'un murmure, on aurait rigolé cinq minutes de les voir patauger dans la poudreuse. Mercredi 28 janvier Les travaux de déblaiement sont activement poussés. A deux heures, la face réjouie du bon gros Cirouge se montre au bout de la montée. Mon Dieu, mais il est gras comme un moine ce brave homme ! Heureusement pour lui, il apporte le fanion. D'un air ravi, il annonce à tout le chalet qu'il est dispensé de tout service fatig On verra, en tout cas, à table, il ne laisse pas sa place à Fino. Jeudi 29 janvier 15 volontaires à Arêches pour remonter le pain. Le chef Guers descend à Beaufort. L'après-midi la route continue à se déblayer. Robert Lapierre, dit la "Douleur", de retour d'une permission de "convolo" se pointe sur St Guérin. Il est tout heureux de retrouver ses copains (sic). Si sa bonne gueule est parmi nous, il a laissé son cœur à Vizille, il ne lui manquait plus que ça. Serre a des démêlés avec Lambert, dit Jules pour les dames. Le bruit court que Carteron, Lemoine et Pfeiffer doivent monter tout tranquillement demain à St Guérin. On va rire. Doit-on le dire : Barneau non seulement ne se lave plus et couche tout habillé, mais encore il est descendu à Arêches chercher du pain, et en ski par dessus le marché. Vers 8 heures, coup de sifflet, et c'est au son de l'harmonica que Pfeiffer pénètre dans le réfectoire, suivi de Carteron et Lemoine. Vendredi 30 janvier On continue à déblayer la route. Plusieurs d'entre nous partent demain en stage d'infirmerie. Weller, Pourret, à Pralognan Carteron Lemoine et Pfeiffer. Le soir, les trois mousquetaires, dans une "veillée" très courte, nous donnent un aperçu de ce qu'on leur a appris à Uriage. Lemoine a évidemment un gros talent de comédien. Carteron a des comptes très embrouillés avec notre bibliothécaire. C'est leur dernier soir au chalet et c'est avec une pointe de regret que nous les laissons partir. Samedi 31 janvier Pauvre Weller, le cafard le tient, quitter le chalet est dur. Unanimement, il est regretté et chacun le lui montre. Les mousquetaires sont partis. Chatillon et Blanc vont tirer leur permission. Le chalet se vide mais la route se remplit de neige, car il en tombe toujours de plus en plus. Le bon gros Cirouge descend à l'infirmerie pour se faire piquer et il est à jeun. |
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