Audacieux et réfléchi, a remarquablement aidé les pilotes de son unité
par ses conseils judicieux; n'a cessé de faire preuve d'une volonté et
d'un esprit de sacrifice magnifiques. En six semaines, a remporté 8
victoires qui lui ont valu 5 citations à l'ordre de l'Armée de l'Air.
En outre, le 17 mai, a ramené d'un terrain abandonné, et sous le feu des
mitrailleuses ennemies, un appareil qui venait d'être réparé".
Ecœuré par la défaite, refusant de déposer les armes, Robert Thollon
demande à être mis en congé d'armistice, afin de pouvoir poursuivre la
lutte à sa manière.
Le 1er octobre 1940, il entre à Jeunesse et Montagne, un groupement
créé par Vichy pour regrouper les cadres de l'armée de l'Air n'ayant
plus d'affectation et dirigé par le général d'Harcourt, ancien
inspecteur général de l'aviation de chasse.
Ce qui se veut une organisation de jeunesse calquée sur le modèle allemand devient
progressivement un foyer de dissidence.
Les contacts avec les réseaux de résistance commencent à se nouer et à s'organiser, principalement sous
l'instigation du général Carayon, adjoint du Secrétaire général de la Défense
Aérienne.
Mais, à Vichy, la surveillance se renforce. Pas moins de 138 officiers
de l'Armée de l'Air sont arrêtés entre 1943 et 1944. Certains sont
déportés et le commandant Colin est fusillé en février 1944.
La mort de son ancien chef affectera particulièrement Robert Thollon qui, de son
côté, avait adhéré, dès la fin de 1942, à l'Organisation de la
Résistance Armée (ORA) du général Revers. Il avait été chargé par le
général d'Harcourt, en octobre 1943, quelques mois avant le
débarquement, d'établir des contacts en Afrique du Nord.
L'année 1943 fut celle des plus dures épreuves pour Jeunesse et
Montagne, tenue à bout de bras par le Bureau de la Jeunesse aérienne du
Secrétariat à l'Aviation de Vichy.
Les brimades allemandes se succédèrent: dissolution des Groupements Pyrénéens, replis dans la
zone alpine et surtout, instauration du "Service du travail
obligatoire" (STO) qui désorganise la vie des Centres pour des jeunes
pris entre l'ordre de partir et le désir de rester en désertant.
La dissolution générale fut imposée en janvier 1944, ce qui se
traduisit par l'affectation des centres de JM à la disposition des
Ateliers Industriels de l'Air (AIA) ou aux usines d'aviation sous
l'égide du ministère de la Production Industrielle où les cadres JM
furent d'ailleurs affectés (et camouflés) avec le grade d'Inspecteur.
Seule l'Ecole des Cadres put se maintenir encore trois mois sous la
dénomination d'"Ecole des Cadres de la Jeunesse aérienne", au prétexte
de la formation en cours de cet encadrement en usine- répit mis à
profit par Thollon, pour préparer son entrée en "dissidence".
La dissolution de l'Ecole fut imposée en avril 1944, avec son repli en
Auvergne, où elle se regroupe à Murols à mi-mai 1944. La veille de sa
dissolution effective, le 3 juin 1944, Thollon
prit le maquis en Cantal, rejoint, après de longues marches nocturnes, par les
siens, obéissant ainsi à l'ordre "Le coup
d'envoi est à 15 heures". Le 6 juin, c'était le débarquement.
Thollon, devenu le "Commandant Renaud", se mit en Cantal, à la
disposition de l'O.R.A régionale du "colonel Mortier", futur général
Fayard, et de son Etat-Major. Avec, au début, ses 70 compagnons, vite
rejoints par nombre d'éléments JM, puis s'étoffant d'un recrutement
local, il constitua ainsi, d'abord une compagnie de 160 hommes,
pauvrement armée (19 mitraillettes, quelques centaines de cartouches),
puis un groupement de 350 hommes qui reçut deux parachutages, dont la
spectaculaire opération baptisée "Cadillac" (56 forteresses volantes B
19).
A la fin juillet, la campagne F.F.I. allait pouvoir commencer.
Elle se déroula pendant deux mois, coordonnée par le général,Fayard et
son E.M., Thollon disposant d'une grande liberté de manœuvre.
C'est lui qui conduisit ses hommes au combat, le 7 août, sur la RN 122, entre
Aurillac et Murat, non loin de Vic-sur-Cère.
Il y tendit une embuscade à la garnison allemande d'Aurillac qui faisait mouvement vers le
nord-est. Le combat dura cinq heures, les Allemands recevant le renfort
de pièces d'artillerie et de mitrailleuses lourdes.
Le groupement se replia, après avoir tué nombre de soldats allemands, mais laissant
trois de ses hommes. Cette garnison, qui poursuivait son évacuation
vers l'est, est à nouveau harcelée entre le 11 et le 13 août, sur les
pentes et le tunnel du Lioran, à une dizaine de kilomètres de Murat,
par l'ensemble des formations FFI du Cantal, aux ordres de l'ORA du
colonel Mortier, le groupement Renaud étant posté aux avant-gardes et
chargé de l'"accueil" des Allemands.
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La colonne allemande est finalement dégagée par l'intervention de la Luftwaffe (on pense au groupe Bongart sur Re.2002).
Dix morts sont relevés du côté français, mais on estime les pertes allemandes nettement supérieures.
Et, surtout, la colonne a été fixée pendant plus de 72 heures, permettant à des éléments FFI plus à l'est de se préparer à l'accueillir.
Le groupement Renaud participe ensuite aux opérations qui se soldent par la reddition de la garnison allemande de Rueyre, le 19 août.
Ces succès incitent le commandant militaire du Cantal à investir St Flour, malgré une garnison
de 500 hommes fortement équipés en matériel lourd.
Mais les Allemands, disposant d'automitrailleuses, parviennent à faire
échec à la tentative.
Devenu "colonne rapide n° 6" des FFI d'Auvergne
et ayant doublé puis triplé ses effectifs, le groupement Renaud est
intégré le 1er septembre au dispositif d'assaut de Lyon.
Thollon et trois officiers de son Etat-Major sont les premiers à pénétrer dans
l'hôtel de ville de Lyon, le 3 septembre.
Thollon va encore participer à de difficiles combats à Decize dans le cadre d'un assaut général,
connu sous la dénomination "Opérations de la boucle de la Loire",
contre la division Elster, unité de 18 000 hommes en repli vers l'Est.
L'avant-garde de cette division tenta de forcer le passage de la Loire
à Decize. De vifs combats eurent lieu et se soldèrent par le repli
allemand et par la capitulation du général Elster qui se rendit aux
Américains le 12 septembre.
Dans la région de Dijon, la C.R.6, devenue, en octobre 1944, la "1/2
Brigade Thollon", fut intégrée dans le 152ème Régiment d'Infanterie au
sein du Corps d'Armée du général de Montsabert.
Une partie de ses éléments continua les opérations en Alsace puis en Allemagne.
Thollon lui-même, ainsi que la plupart de ses collaborateurs issus de
l'Armée de l'Air, fut réintégré dans cette armée en novembre 1944.
Le 22 novembre 1944, il arrive à Toulouse pour prendre le commandement
d'un groupe FFI, constitué à la libération par le commandant Marcel
Doret, grande figure de l'aviation naissante, avec l'aide de navigants
toulousains (pilotes, observateurs, chasseurs).
Les allemands, dans leur fuite précipitée, avaient abandonné, intacts, une vingtaine de
Dewoitine 520, des Messerschmitt 108, des Heinkel, Junker 88
bimoteurs d'attaque au sol et le matériel de maintenance et ses
compagnons en firent une unité enthousiaste mais assez peu militaire et
surtout à ré-entraîner méthodiquement après quatre années
d'interruption de vol.
Thollon obtint la mission d'organiser ce ré-entraînement avec le
matériel laissé par les allemands, avec un personnel renouvelé, dont
plusieurs navigants de JM.
Il improvisa un programme d'une durée de trois mois, n'ayant à déplorer que deux accidents.
Ce ré-entraînement, autonome, très en marge des doctrines des écoles de
l'U.S. Air Force, aux U.S.A. où étaient formés les pilotes français,
lui gagna cependant la confiance de nos partenaires alliés : en mars
1945, les Dewoitine furent remplacés par des Spitfires 7, le chasseur
de la R.A.F. le plus efficace.
Le groupe, installé entre temps à la base de Bordeaux Mérignac, avait
été baptisé GC II/18 Saintonge, au sein des "Forces Aériennes de
l'Atlantique".
Il fut engagé dans une série de missions (296 dont 203 de bombardement
et 93 de mitraillages au sol) sur les poches allemandes de la Pointe de
Grave jusqu'à Royan et l'Ile d'Oléron. Thollon y prit personnellement
part et participa activement à l'offensive générale contre ces poches,
en juin 1945.
Le groupe II/18 fut envoyé en occupation en Allemagne en juillet 1945,
à Friedrichshaffen. Il y devenait une des unités de la 2ème escadre de
chasse.
Le 9 janvier 1946, alors qu'il est toujours à la tête du II/18, Thollon
est convoqué par le service du personnel qui l'informe de son
affectation aux sports aériens! Furieux, il intervient directement
auprès du général Bouscat qui obtient sa mutation comme adjoint au
commandant de la 6ème escadre.
En mai 1946, il arrive à la 3ème escadre en Allemagne comme adjoint, puis il en est nommé commandant en décembre
1946.
Malheureusement, le 24 février 1948, Robert Thollon fait une chute lors d'un séjour en haute montagne et est tué sur le coup.
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