Le 24 juillet 1998, Henri ZIEGLER nous quittait. La Revue J.M. n° 190 de Septembre 98 lui a été dédiée. Or récemment Monsieur Michel ZIEGLER a mis à notre disposition des documents exceptionnels, à l'occasion de la publication par l'Académie Nationale de l'Air et de l'Espace, d'une plaquette consacrée à H. ZIEGLER que nous avons signalée à nos lecteurs dans le précédent numéro. Nous croyons utile, de revenir sur l'action clandestine d'Henri ZIEGLER pendant l'occupation de notre Pays. |
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A l'approche de l'occupation de la Zone Sud, en Novembre 42, il avait décidé de quitter la France et de rejoindre Alger et Londres, mais la veille de l'arrivée des Allemands à Aix-en-Provence, il s'est cassé une jambe en déménageant les archives clandestines et les moyens de communication installés dans ses bureaux. Ayant été nommé le 1er octobre 1941 à l'Etat-Major de la 1ere Région Aérienne, et installé dans une villa indépendante, il avait mis en place un poste de télécommunications clandestin avec l'Angleterre en liaison avec le Réseau SAMSON du S.R. Air. A partir de Novembre 1942, les Allemands occupent toute la France, et l'Afrique française totalement coupée de la métropole, n'a qu'une idée : reprendre le combat pour libérer la France. On voit alors sur les quais d'Alger le slogan du général Giraud "Un seul but : la Victoire ". Les liaisons avec la France ne subsistent que par la radio des résistants ; jusqu'à ce que le commandant Paillote, chef de la section du contre-espionnage des services spéciaux de la Défense Nationale propose d'organiser une navette entre la France et l'Algérie. Les sous-marins français, sous les ordres opérationnels de l'Amirauté anglaise, sont alors détachés pour, à huit reprises, entre février et octobre 1943, assurer une liaison entre, en France la région de Ramatuelle/Cap Camarat et Alger. En Mars 1943, il reçoit un poste de couverture auprès du Général d'HARCOURT, directeur de l'Aviation civile. Il intègre d'importants éléments de l'Armée de l'Air et de Jeunesse et Montagne dans les Forces Françaises de l'Intérieur. En Août 1943 il prépare son départ pour l'Afrique du Nord par liaison sous-marine clandestine. 23 Août 1943 - L'Aréthuse, sous-marin de 600 tonnes, reçoit l'ordre d'appareiller pour débarquer en France six passagers clandestins dont la mission est ignorée, et, en retour, de ramener à Alger des résistants dont également la mission est secrète. La date d'appareillage est choisie de telle sorte que l'échange des passagers se fasse en France à la nouvelle lune, c'est-à-dire le 28 août. Or, le 28 Août, le "comité d'accueil" ne fait pas les signaux de reconnaissance. Les ordres sont formels : pas de signaux, pas de débarquement. L'Aréthuse s'éloigne de la côte, le long de laquelle on constate une activité nautique "curieuse". Cette activité n'est pourtant pas une surprise, car avant de quitter Alger, les services de renseignements avaient su que les Allemands avaient donné l'ordre à leurs forces de couler coûte que coûte le sous-marin de la Résistance. 31 Août 1943 - 0 h 35 : surface : les signaux ! Répétés 6 fois, pourvu qu'ils n'attirent pas l'attention ! La côte est à 200 m. Débarquement des six passagers et embarquement de quatre personnes, en une heure exactement. On plonge aussi rapidement dès que possible, et au carré, devant une bouteille de whisky, on fait connaissance. Parmi eux, il est facile de déceler un ancien X, l'argot de l'école ne s'oublie pas. On se présente " Ziegler 26 " qui, sous le pseudonyme de "Colonel Vernon", assure une liaison entre la Résistance et l'état-major d'Alger. |
Dans sa note de décembre 1943, le Contre-Amiral Sabbagh précise ainsi les dangers d'une telle opération : «...Face à l'organisation clandestine française se développe un important dispositif germano-italien avec ses nombreuses patrouilles terrestres, navales et aériennes, des espions, des sous-marins, des champs de mines, des projecteurs, des batteries de côte et de nombreux nids de mitrailleuses. Les agents du service TR, les groupes de résistances, les passagers et les sous-marins français sont ainsi amenés, dans la zone côtière (Baie de Bon Porté, Cap Camarat) à opérer à proximité d'un QG italien, d'un poste de surveillance allemand, de deux batteries de côte et de mitrailleuses postées à moins de mille mètres des points de transports des passagers et du matériel venant d'Algérie...». Il arrive à ALGER le 4 Septembre à 10 heures. Durant tout le mois de septembre, il rencontre diverses personnalités et le 30 septembre dîne avec le Gal de GAULLE et met au point les missions à accomplir à son retour en France. Le 5 Octobre il part d'Alger pour l'Angleterre via Oran, Casablanca, Marakech, et part en D.C 4 américain sur un vol vers les E.U. avec escale en Irlande. Le 16 octobre, retour en France : opération "Marguerite". Attérissage clandestin en Lysander à ESTREES-St DENIS (Oise). Les mois qui suivent sont consacrés à l'organisation avec les Généraux / CARAYON, et REVERS, de la mobilisation de l'Armée de l'Air et de Jeunesse et Montagne. En Janvier 44, alors que le débarquement se préparait il décide de retourner à Alger. Des tentatives de départ en avion et en bateau, échouent. Il décide alors de partir à pied par les Pyrénées. Il est intercepté et arrêté, en Espagne, mais a la possibilité d'aviser le Réseau de la France Libre. Le 12 Février il est interné au Camp de MIRANDA, d'où il sort le 26 Février sur intervention du CFLN de MADRID. Le 13 mars, départ de Gibraltar pour Alger, et le 24 Mars pour Londres avec l'intention de retourner en France. Le 30 Avril, le Gal KOENING nommé par de GAULLE Commandant en Chef des FFL en Grande- Bretagne et des FFI, s'installe à Londres et nomme Henri ZIEGLER Chef d'Etat-Major des FFI, sous le pseudonyme de Colonel VERNON, avec l'accord du Gal PATTON. Il organise quatre opérations aériennes de jour, exécutés par des Forteresses-Volantes de la 8e Air-Force Américaine :
Le 2 Décembre il quitte Londres et rejoint l'E.M. du Gal KOENING, Gouverneur Militaire de PARIS, aux Invalides, jusqu'au début 1945. A. GEORGES |