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Le plus urgent était de s'assurer la participation des techniciens de la montagne car sans eux J.M. ne serait jamais ce que j'espérais : un ensemble étroitement soudé, vivant la montagne non pas comme un rêve, mais comme une dure, solide, magnifique réalité.

Il fallait pour ces jeunes garçons qui nous seraient confiés, des maîtres au prestige éclatant, des conducteurs d'hommes-nés, des êtres forgés aux durs combats de la montagne, humains et fermes, sachant par leur présence, par la qualité de leurs rapports, faire sentir puis aimer cette vie en montagne. Il fallait que ce soit une aventure, mais une aventure réfléchie.
Je commençais à Chamonix. La Compagnie des Guides où j'avais tant d'amis, m'accueillait. Je leur expliquais ce que j'attendais d'eux. J'entends encore la phrase de l'un d'entre eux :
<< De combien de guides avez-vous besoin ? >>
La grande amitié de J.M. naissait. C'était le premier test.

J'étais sûr après cette question que J.M. vivrait. Aussi en plus du souvenir des nombreuses années à l'Ecole de Haute-Montagne ou bien à la tête de l'Equipe de France de Ski, ce coin de France me devenait encore plus cher -j'avais trouvé les vrais amis, ceux qui à l'heure des difficultés vous aident, vous soutiennent- je récoltais le fruit de notre vie en commun, de cette étonnante confiance mutuelle créée par la vie en montagne.
Il en fut de même en Oisans, de même dans les Pyrénées. Toute la montagne des anciens se préparait à recevoir ses nouveaux hôtes. Le problème était résolu.
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Jacques FAURE