Jeudi 21.1.43 : Aucun fait marquant au cours de cette journée consacrée toute entière au ski comme les précédentes, si ce n'est que 9 volontaires partent en permission de 5 jours pour aller chercher leur matériel de ski. Ils se félicitent de l'aubaine et chacun les regarde partir avec une pointe d'envie. Dans le courant de l'après midi les muletiers descendent d'urgence à Beaufort, Papin et Senty qui souffrent d'entorse et de foulure aux chevilles.
Vendredi 22 : Dès le lever,dans le chalet, grand remue-ménage. Le chef de Groupement Rougevin, accompagné de sa femme et des chefs Pizzi et de Prémorel, viennent nous rendre visite et nous mettons notre point d'honneur à les recevoir convenablement, avec tous les honneurs qui leur sont dûs. Nos hôtes arrivent sur le coup des midi, alors que la leçon de ski du matin s'achève et le chef Rougevin se fait présenter chacun de nous. Puis c'est un excellent déjeuner dans une atmosphère très sympathique. La journée s'achève dans la gaité, l'ambiance serait-elle revenue au chalet ? Le tabac qui est arrivé en serait-il la cause ? ...
Samedi 23.1.43 : Ce matin, il n'y aura pas d'école de ski, mais par contre chacun doit s'ingénier à faire la toilette du chalet. Dès les premières heures de la journée on entreprend de ramoner les cheminées, de passer les fourneaux au noir. L'après midi, des équipes de volontaires, équipes "spéciales" partent pour extorquer le maximum de produits chez les braves gens du pays, ceci en vue du gueuleton qui doit parachever le baptème des bleus, le lendemain. L'après midi est consacrée à la toilette des volontaires qui s'acharnent à se faire une beauté, ce qui est là une chose fort bonne en soi.
Dimanche 24.1.43 : C'est une journée qui, comme on peut le penser, fera date dans les annales du chalet. C'est aujourd'hui en effet que l'on baptise les bleus, que l'on admet pour la première fois aux couleurs, qu'on les consacre St Guérinois. Après un lever qui traîne un peu, on endosse sa plus belle tenue et si quelques uns descendent à Arêches sanctifier leur dimanche, d'autres vaquent à quelques menus travaux : réglage de ski, fartage, photographie. A une heure, un léger repas et, réunis dans la salle d'équipe, nous attendons patiemment l'heure du "Gymkana" qui est en quelque sorte l'épreuve que doivent subir les bleus pour être admis parmi leurs aînés.
C'est d'ailleurs un exercice assez amusant et comme il doit y avoir un classement parmi les concurrents, tous y mettent une ardeur qui donne lieu à de magnifiques soleils ayant pour effet immédiat de déchaîner parmi les spectateurs un rire homérique. De Broissia et Hérald se font remarquer par les attitudes abracadabrantes que les difficultés du parcours leur font adopter. La course se termine dans l'hilarité générale et tout le monde s'empresse autour du feu en commentant bruyamment cette joyeuse course. A six heures, cérémonie des couleurs. Le chef Degouey remet au porte-drapeau de la patrouille des bleus, le fanion de l'équipe Grenet et les invite à suivre l'exemple de ce héros de la dernière guerre, dont il nous lit les deux citations.Le chef profite de cette cérémonie pour remettre solennellement aux anciens l'insigne de St Guérin. La veillée se passe dans l'entrain et la gaieté et, vers 8 heures, chacun se presse autour de l'assiette et du verre de l'amitié pour célébrer cette heureuse journée par un dîner fort apprécié. Sous le signe de la bonne humeur, les chants, les bonnes histoires, les chansons animent cette sympathique veillée qui s'achève tard dans la nuit, les dernières pâtisseries ingurgitées.
|
Mardi 26.1.43 Comme chaque jour nous faisons l'école de ski. Il semble que les pistes menant au col du Pré soient le lieu préféré du du chef Rondy. Contrairement à nos espérances le ciel s'est obscurci. C'est une lumière blanchâtre qui nous empêche de distinguer le relief. Les yeux subissent le contre-coup de cette reverbération lunaire. Les membres également car plusieurs éclopés sont rentrés au chalet.
Mercredi 27.1.43 : Le grand événement de la journée est l'inventaire général des paquetages et du matériel en compte au chalet. Une demi-journée de recherche, de récupération, et tout le monde s'en tire à peu près bien. L'après-midi, avant la leçon de ski, nouvel inventaire des skis pour la enième fois. Et en route, tout le monde monte "en selle". Le soir notre potard Béthoux nous fait une coférence fort intéressante sur le "Secourisme".
Jeudi 28.1.43 : Aujourd'hui nous partons à Roselend pour rentrer en possession de peaux. Grande course à ski, la plus importante depuis le début de la saison de ski. Le départ de la course s'effectue à pied mais bientôt nous chaussons, tout va pour le mieux jusqu'au col du Pré que nous franchissons avec un certain retard. Voici maintenant la descente sur Roselend. Début pour certains de grosses difficultés. Premier incident, notre camarade Parisot se foule une cheville, incident bientôt suivi d'un second, le volontaire julien fait une chute et s'abime, pour la seconde fois, le genou. Nous arrivons malgré tous ces retards, à Roselend vers les midi trente. Léger casse-croûte et bientôt nous reprenons le chemin de St Guérin, sauf Parisot qui descend sur Beaufort. Le retour s'effectue sans incident et vers cinq heures nous arrivons au chalet. La fatigue se fait durement sentir, mais tous nous sommes heureux de cette journée.
Vendredi 29.1.43 : Profitant de la possession des peaux, le chef Rondy décide pour aujourd'hui une nouvelle ballade qui a pour but le passage du Meraillet. Dès 9 heures, aussitôt après les couleurs, nos skieurs se mettent en route. Après le le départ ils se fractionnent en deux groupes. Le premier qui continue son ascension et le second qui, comprenant les plus faibles, attend le retour du premier. De nombreux volontaires éclopés restent au chalet, ils sont employés aux diverses corvées. Vers midi trente, voici nos "schusseurs" revenus. Une chute magistrale de notre ami Trarieux fut le seul incident de cette matinée de ski. Après le repas tout le monde en short et en petit maillot pour un débarbouillage collectif, au torrent. Après ce décrassage nouveau départ en école de ski... Le soir, le chef Degouey fait à l'équipe Vincent une causerie sur nos prisonniers et sur les malheurs de certaines de nos populations civiles. Mise au point de certains sujets.
Samedi 30.1.43 : Aujourd'hui lever à l'heure fixée. Nos chefs doivent descendre à la réunion des chefs. La leçon de ski se fera donc sous la direction du chef Dumont. 9 heures, une fois les couleurs levées, tous nos skieurs partent pour effectuer la montée du col de la Louze. Tous se passe pour le mieux et midi trente voit le retour de nos skieurs. L'après-midi chacun vaque à ses occupations. Le soir après le repas, notre potard Béthoux, se lançant dans une autre branche, nous lit quelques poèmes. Il est connu que la musique adoucit les mœurs, il ne doit pas en être de même des vers, car dans la nuit, nos deux dortoirs effectuèrent des virages sanglants. Réflexion faite, je crois que le vin y était pour quelque chose, n'est ce pas Parisot ?
Dimanche 31.1.43 : Aujourd'hui repos complet, quelques fanatiques descendent à Arêches, quelques uns à ski, d'autres plus prudents à pied. Quelques volontaires s'adonnent au joie du Ping-Pong. Nous attendons l'aumônier du groupe. Il arrive assez tard et le soir et, au repas, il nous trace son programme ; il reçoit les volontaires un par un dans sa chambre.
|