Lundi 1.2.43 : Aujourd'hui 7 h 30, l'aumônier dit sa messe dans la chapelle du chalet. Après la messe, l'abbé Marest reçoit de nouveau les volontaires dans sa chambre. Dix heur: l'abbé Marest fait une causerie, très appréciée de tous les volontaires, causerie traitant sur le travail. Après midi, malgré le mauvais temps qui sévit et la neige qui tombe, un tour de fond pour tous nos skieurs, le chef Dumont dirigeant leurs ébats. Mardi 2.3.43 : Le mauvais temps sévit toujours, le ski se relâche un peu, nos chefs en profitent pour nous faire effectuer un nettoyage général du chalet. Six mordus vont faire un tour de piste avec le chef Dumont. Après midi le temps s'étant amélioré, tous les volontaires valides partent en école de ski, les éclopés vaquent aux diverses corvées. |
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Mercredi 3.2.43 : |
Une fois encore le mauvais temps sévit sur la région, la matinée est encore occupée par l'école de ski, école de courte durée car l'après-midi une course de patrouille ayant pour cadre le cirque de St Guérin, met en compétition bleus et anciens. Après avoir effectué quatre tours, soit deux heures trente de course, nos compétiteurs arrêtent les frais. Le chef Dumont affiche les résultats, une fois encore les bleus triomphent des anciens. |
Le soir Derudet nous fait une conférence sur le système planétaire et les astres. Causerie fort intéressante et qui se termine par un cercle d'études d'une rare puissance. Voici des veillées comme nos volontaires aimeraient à en faire souvent. Tous qui avons participé à cette soirée, nous allons nous coucher avec l'impression de ne pas avoir, pour une fois, perdu notre temps. Jeudi 4.2.43 : Une fois encore l'école de ski, sous la direction du chef Rondy, occupe la matinée. Après dîner, la construction d'igloo et l'exercice de signalisation nous occupent l'après midi. Vendredi 5.2.43 : Aujourd'hui, course avec pour but le Crêt du Bœuf. La montée s'effectue sans peaux, mais pour compenser, le chef Rondy fait tremper les skis dans l'eau d'un torrent et nos volontaires montent avec des patins de neige sous les skis. Chambon reste un peu à la traîne. Mais nous arrivons avec quelque retard sur l'horaire prévu et seul le chef Rondy et Burley montent au Crêt du Bœuf. Au retour, à signaler la chute de Rondécin. L'après-midi est consacré au débitage du bois car la provision diminue et une autre fraction fait encore de la signalisation Morse. Samedi 6.2.43 : Une fois de plus nous faisons une revue de skis, puis c'est le débitage et l'entretien général du chalet. Par contre notre "moniteur" Aubry prend en main les retardataires De Broissia et Duréault. L'après-midi quelques volontaires de l'équipe : Bernot, Muraz, Burley, Delzenne partent en chasse pour rapporter du ravitaillement pour le gueuleton de Dimanche ; résultat : 48 œufs, 16 l de lait, 8 kg de p.de terre, du mouton et 1 kg de beurre. Le soir pour essayer de retrouver l'ambiance de la veillée de mercredi, Bernot et Trarieux, sur l'ordre du C.P. Charavin, essaient de faire un cercle d'étude dirigé, avec pour sujet : "l'amour et le mariage". Résultat peu brillant. La discussion des divers problèmes posés manque d'entrain. Chacun conserve ses vues personnelles. Dimanche 7.2.43 : Le matin, rien à signaler de bien spécial, si ce n'est Teisseire et Parisot qui descendent pour essayer de compléter notre ravito. Le reste de la journée se passe dans l'attente du gueuleton. Et à 9 heures, nous nous attablons avec tous nos invités : les chefs Dumont et Charavin et l'intendant Sauvinet. Papin et Presset sont remontés de Beaufort. Bernot a mis ses talents de cuisinier au service de l'équipe. C'est qu'il est à signaler que l'éternelle purée et les traditionnelles pâtes vichyssoises sont exclues du menu. Le tout sera avantageusement remplacé par des "criques" et un ragoût de mouton très apprécié. La crème au café remplacera la crème au chocolat. Et pour finir quelques petits gâteaux "maison" et deux superbes tartes. Le Cardinal Paf distribue le vin à volonté. Lundi 8.2.43 : Lendemain de "gueuleton", lever pénible. L'Intendant sent son foie douloureux. Kiki est jaune cire, le Moniteur Alpin garde la chambre. Les autres ont "encaissé" correctement. La journée se passe en nettoyage du chalet et école de ski sous la direction d'Aubry et de Save. Mardi 9.2.43 : Retour de perm de notre chef d'équipe et du Moniteur de Ski. Un travail pénible est enfin mené à bonne fin : le débouchage des W.C., bouchés depuis 10 jours. Certains des acteurs prennent plaisir, à souper, à nous donner des détails plus ou moins affreux. A signaler que le chef Degouey, pour nous stimuler, eut la délicate attention de nous offrir 2 paquets de cigarettes. Ecole de ski. Piqûre de rappel des anciens, quel bon signe, et 2ème piqûre des bleus. Mercredi 10.2.43 : Inspection du matériel de ski (c'est je crois la 2.723.649.785.243ème inspection de ce dit matériel). Les piqués restent au chalet ; pour les autres : ski. Le soir, les cuistots font le repas que doit emporter l'équipe de damage de la piste du Grand Mont. Retour au chalet de Maniquet ; départ pour l'infirmerie du moniteur Dumont. Jeudi 11.2.43 : Départ le matin à 8 h 5 de l'équipe damage (en attendant l'équipe de compétition, St Guérin n'a qu'une équipe de monteurs en escaliers et de descendeurs en dérapage latéral, oh ! joie de la Technique Française). Vendredi 12.2.43 : Les "dameurs" reprennent le damage de la piste sous un soleil de printemps, devant l'équipe du Planey. Nous déjeunons en plein soleil devant un chalet à mi-chemin du sommet en compagnie du chef Pizzi. On commence à bronzer. Le retour s'accompagne d'un certain nombre de bûches, et à l'arrivée on est heureux de se réchauffer les pieds car ils trempent pour la plupart dans une véritable soupe. Samedi 13.2.43 : Sevez et Ancey retournent damer le slalom au lieu de jalonner la descente comme il avait été prévu, alors que les autres volontaires restent tranquillement au chalet pour un nettoyage général, et en particulier le lavage frénétique de l'intérieur des vestes "A" qu'on doit redescendre à Beaufort, ce qui a pour résultat d'étendre la crasse un peu plus uniformément. Dimanche 14.2.43 : Départ le matin de presque tous les valides qui vont assister à la course de descente et au slalom. Ils en reviennent éberlués de tant d'audace et de sciences, plein d'ardeur pour essayer d'acquérir ces grandes vertus du skieur. Le soir, grandes discussions sur les schuss et les christianas impeccables des concurrents. Lundi 15.2.43 : Le matin, entraînement à la course de fond de samedi prochain. Le passage du pont Henri IV fait frémir les plus braves. Les deux équipes sont à peu près de la même force, ce qui est d'ailleurs une expression nettement déplacée, car si elles aspirent à la première place, elles craignent bien de ne pas la gagner. Le soir, chaque équipe construit un igloo et les spécialistes de Morse s'entraînent à la transmission et à la réception de messages plus ou moins extraordinaires. Mardi 16.2.43 : Les heureux possesseurs de peaux partent avec le chef Rondy pour retrouver le chef Degouey au Cormet d'Arêches, mais n'y trouvent qu'une véritable tempête de neige. Le reste de l'équipe fait demi-tour avant d'arriver au sommet. Après le déjeuner, on assiste au passage des coureurs. Certains, parmi lesquels le chef Degouey, s'arrêtent au chalet pour boire du vin chaud. Le soir, préparation du dégagement, d'un côté le jazz, de l'autre la chorale. Mercredi 17.2.43 : Dès le lever, le chalet est en branle pour recevoir le chef. Toilette du chalet et toilette personnelle. Et chacun reprend son travail : qui le ski, qui le débitage. A 11 heures les équipes s'alignent devant le chalet pour accueillir le chef de Groupe, l'équipe Grenet en ski, la Vincent à 17. Midi approche, Richard est envoyé en sentinelle, mais il revient immédiatement, ayant trouvé le chef en sueur qui attendait le chef Chomienne. Un commandement "Faire Face"! Présentation du chef De Rouffignac ; un dîner amélioré clôt cette petite cérémonie. L'après midi, ski et débitage. Le chef De Rouffignac, après le souper, nous fait un petit discours sur ses premières impressions. Tout le monde va se coucher avec un certain plaisir. Jeudi 18.2.43 : 6 h 30, tout le monde debout car il faut être de bonne heure à Beaufort. 7 h 45 , tout le monde est sur les planches et le signal du départ est donné. La descente ne se fait pas sans quelques petits accidents. A signaler comme dangereux les chemins sis entre les lieux-dits Ste Barbe et les Gérards, et l'infernal raccourci de la scierie Haine. Le passage du Praz par l'équipe de St Guérin restera fameux dans les annales du ski français. Dix heures, le signal est donné et chacun saute sur sa pelle. Les volontaires de la Vincent construisent consciencieusement leur igloo d'après les règles données par le chef Rondy, mais le rendement n'est pas assez élevé et pour rattraper les autres équipes, les blocs se font plus gros, sont mal ajustés, ce qui a pour effet immédiat un affaissement partiel de l'igloo, à la grande frayeur de Belley, mais tout s'arrange et chacun arrange sa toilette... Le contrôle passe. Parallèlement, une autre partie de l'équipe passe l'épreuve de secourisme. 2 km de parcours, à descendre avec un "pourchier", avec descente et montée, passage en forêt, sentier... Comme cobaye, Chosson, de Belleville. Tout se passe bien jusqu'au moment de l'interrogatoire de Bernot et Muraz par le docteur Ponsoye. Bethoux est au stage et nos deus "infirmiers" se défendent de leur mieux... les résultats pour plus tard... L'après-midi chacun remonte tranquillement à Arêches pour assister aux courses individuelles de ski. Le chalet a pu applaudir le chef Degouey et Aubry qui s'y sont particulièrement distingués et Richard, Charavin qui ont fait la descente, ce qui n'est déjà pas mal. Vendredi 19.2.43 : Journée de repos pour l'équipe et préparation du dégagement de dimanche. Quelques-uns seulement sont affectés au déblayage de neige et nul fait marquant ne vient troubler cette belle journée ensoleillée. Puis, le soir venu, le chef Degouey donne les dernières instructions à la patrouille. Il insiste surtout sur l'exactitude, car le sort nous a désigné parmi les premiers. Samedi 20.2.43 : Lever 6 h 15. Les cuisiniers et quelques pauvres retardataires mettent tant de temps, les uns pour servir le jus, les autres pour régler leurs planches que l'heure du départ est largement dépassée lorsque le chef Rondy apparaît sur la terrasse du chalet. Il rabroue vertement les coupables et ne cache pas son mécontentement. Exhortant ses élèves du geste et de la voix, il entreprend de les faire déménager sur Beaufort. Malheureusement quelques volontaires trop soucieux de l'intégrité de leur personne s'arrangent pour arriver au Centre avec quelques 20 minutes de retard. Bilan de la descente : 5 à 6 volontaires hors de combat, tant et si bien que la Grenet doit déclarer forfait. On touche un casse-croûte solide et en route derrière le chef Rondy qui mène le train à une allure folle. Les volontaires suent, soufflent, peinent, talonnés par la 2ème patrouille. Au sommet, Lung est en difficulté avec sa fixation et Duréault avec son équilibre, si bien qu'à la descente nous sommes rejoints par la seconde patrouille. Puis c'est la remontée pénible, exténuante, qui achève de dessécher les types. Au Bersant, la patrouille se regroupe tant bien que mal et c'est la descente interminable sur Beaufort, avec ses chutes, les jambes nouées, les "Tonnerre de D...", au point que le moindre dérapage devient une opération de tous les diables. Puis c'est l'arrivée où il faut rajuster ses frusques et prendre une attitude correcte devant le groupe des chefs. Le chef Degouey fait quelques considérations sur la tenue de la patrouille en course, et déplore le manque de cran général en nous quittant sur quelques épithètes qui achèvent de nous démoraliser. Puis c'est le retour sur St Guérin où chacun donne de bonnes raisons de notre échec et essaye de se disculper. Quoi qu'il en soit, malgré toutes ces excuses, on se sent un peu honteux et c'est sans entrain que l'on va se reposer. Dimanche 21 février : C'est le jour du dégagement et chaque volontaire, après avoir endossé sa plus belle tenue, chausse les skis et descend sur Beaufort pour rejoindre ceux qui doivent s'occuper de la représentation. A 1 heure, devant le Chef de Prémorel, St Guérin donne "sa" répétition générale et à 3 h la représentation commence, devant une salle quasiment comble, par des chœurs, des chants, des sketchs : l'automate, Papin "comique troupier". Puis c'est au tour de la maîtrise de faire entendre quelques chants de son répertoire, après que le "quintette swing" ait fait entendre le sien sous la direction du C.P. Gosswiller. On procède alors à un radio-crochet pour mettre à contribution le talent de certains spectateurs. Et la vente aux enchères clos la 1ère partie du spectacle. Le rideau se lève à nouveau sur une aventure au Texas en 3 tableaux, et sur le "Curé de Cucugnan", pièce satyrique très réussie . La séance se termine sur le chant de J.M. Lundi 22.2.43 : L'équipe Vincent est à peine remise des fatigues et des émotions du dégagement de la veille. Elle repart cependant dès le lendemain pour Arêches où elle rencontre une équipe du Planey et le chef Pizzi. Ce dernier nous emmène tous pour damer la piste du Grand Mont, pour l'épreuve de descente des championnats du Groupement. Le travail, favorisé par un soleil éclatant, dure jusqu'à 15 h 30. Le soir, le chef de Rouffignac préside une veillée et nous explique quelques astuces sur les attaques de la Chasse. Mardi 23.2.43 : Les valides de la Vincent chausse à 9 heures et font une belle sortie sur les Miraillers pour en revenir à 13 heures. Et l'éternel débitage avec ses mille péripéties !!!... Mercredi 24.2.43 : Aujourd'hui doit se courir la course de fond du Groupement et nous avons l'insigne honneur de recevoir au chalet le Chef de Roussy de Salles, accompagné de 2 moniteurs, venus de Grenoble pour assister aux championnats inter-J.M. du Groupement Savoie. Ils se restaurent tandis que les différentes équipes font une pause devant la Chapelle pour se regrouper et récupére avant la descente sur Beaufort. Les six volontaires montés le matin pour baliser le parcours redescendent avec la 4ème et dernière équipe, celle d'Entremont et se déclarent ravis de leur promenade. Vendredi 26.2 43 : Rien de spécial à signaler. Le matin, par un temps splendide a lieu l'école de ski. Le soir, débitage de bois Samedi 27.2.43 : Le chef Dumont emmène les skieurs du chalet au Cormet d'Arêches, la neige est excellente, le temps magnifique. L'après-midi chacun fait une toilette un peu plus complète que de coutume et se repose des fatigues de la semaine. Dimanche 28.2.43 : Journée calme, certains partent de bonne heure pour sanctifier leur dimanche, d'autres font la grasse matinée. Le repas de midi est assez copieux et la soirée se passe dans la salle d'équipe, en écriture et en lecture. |