Avant-propos

D'Octobre 1942 à Juin 1943, plusieurs membres de l'Equipe Claude du Groupe du Planey du Centre de Beaufort ont tenu, jour après jour, un carnet de bord, y consignant les événements marquants de leur vie montagnarde.
Ce cahier est réapparu en 1997, et les membres de l'Equipe Claude toujours en vie, réunis à l'Abbaye d'En Calcat, ont pris la décision dans un premier temps de le reproduire et d'en proposer aussi un exemplaire aux familles des membres depuis décédés.

Depuis, il nous est apparu qu'un Devoir de Mémoire s'imposait et ledit cahier vous est donc proposé à la consultation, aussi fidèle que possible à l'original. Pour ceux et celles qui n'ont pas vécu la vie de Jeunesse & Montagne, la lecture de cette reproduction du cahier de l'Equipe Claude, donc de ses "aventures", pourra paraître amusante certes, mais ô combien banale !
Pourtant, non, l'histoire de cette équipe n'est pas du tout banale, elle est simple, vivante (parfois picaresque), authentique, donc particulièrement émouvante. Elle est pratiquement identique à celle de l'Equipe La Porte du Theil qui formait avec l'Equipe Claude le groupe du Planey, mais encore pratiquement identique à celle des groupes de Saint Guérin, de Hauteluce, de Roselend pour ne parler que des groupes dépendant du Centre Patureau-Mirand de Beaufort.
En cela, ces pages présentent un témoignage d'une portée historique indéniable…

Soixante (!) ans après, il convient pourtant de lire les pages qui suivent en les replaçant dans leur contexte.
Octobre 1942.
Les combats font rage dans toute l'Asie, en Afrique méditerranéenne où revers et succès des différents belligérants se succèdent, de même sur le Front Russe.
A l'Ouest, la R.A.F. bombarde maintenant l'Allemagne, l'Italie du Nord.
En France, les temps sont durs, toutes les denrées de base sont depuis longtemps contingentées, les rations parcimonieuses. Les citadins, particulièrement ceux des grandes villes, ont faim ; certains ont perdu 15, 20 voire 25 kg.
Les déplacements sont difficiles, les routes du Beaufortain, même Nationales, sont étroites, sinueuses ; les cars de l'époque ne sont des Pullmans, leurs moteurs marchant au bois ou au charbon de bois. Il en est de même pour les camions. L'Equipe Claude n'a pas la radio, n'a accès aux informations que lors de ses sorties dominicales…
Bref, le Planey, c'est un peu le bout du Monde… alors l'Equipe Claude !

Etions-nous malheureux ?
La vie à J.M, c'était le travail, l'effort, l'endurance, la ténacité, mais aussi la l'amitié, la camaraderie, l'entraide. Bien sûr, certains jours la faim tenaillait ici aussi les estomacs, l'intendance fournissant surtout des navets qui, malgré leurs qualités reconnues de nos jours, ne calaient pas beaucoup les estomacs.
Heureusement, parfois, grâce à la débrouillardise, c'était la fête !

Nous n’étions donc pas malheureux, nous avions conscience
d’être un peu privilégiés, comme dans un cocon...

Lucien COQUARD

 

[ Accueil du Cahier ]
Retour Liste des équipes ]
[ Groupe du Planey ]
[ Ouvrir le Cahier ]