- Equipe Vincent II -


Lundi 1er Mars.

       A 9 heures, la plus grosse partie du groupe emmenée par les chefs Rondy et Dumont, soit à ski, soit à pied, gravit les pentes du Col des Charmettes.
Puis les skieurs longent les crêtes et parviennent aux Miraillers où ils font une halte d'une demi-heure pour contempler les cîmes neigeuses qui ferment l'horizon.
Vers midi, c'est la descente sur St Guérin, dans une neige idéale...
L'après-midi, un Cercle d'études, sur le sens de l'honneur, mené par les chefs Sabatier et Voiron, suscite des conversations passionnées, marquées par les objections de Genot, particulièrement bien senties.

Mardi 2 Mars.

       Les volontaires des classes 40-41-42, doivent être recensés à Beaufort et dès 6 heures du matin, tout le groupe s'apprête pour arriver de bonne heure au Centre.
Les formalités sont rapidement menées par le Dr Ponsoye et nous sommes de retour au chalet à 14 h environ.
L'équipe Vincent, sans plus attendre, termine les préparatifs d'une ballade, à Granier, et à 15 h, skis sur le dos, part en direction du Cormet.
La colonne qui s'étirait nonchalamment se regroupe au Cormet, et commence une descente exténuante, dans une neige mauvaise, et à la nuit tombante, arrive sur la place de Granier où elle se regroupe à nouveau.
En raison de l'heure tardive, chefs et volontaires doivent s'installer dans des cantonnements de fortune (granges, écuries) chez les braves gens du pays.

Mercredi 3 Mars.

       Ce matin les volontaires se sont réveillés dans un cadre inhabituel et au milieu d'une grande partie des animaux de la création.
Dès la première heure du jour, ils se passionnent pour les travaux ruraux et savourent avec un brin de mélancolie, un excellent déjeuner.
Au rassemblement sur la place, ils retrouvent le chef Degouey, venu de nuit, en compagnie de leur camarade Bernot. Ils reçoivent les instructions concernant l'exploration régionale qu'ils doivent effectuer, et vers 9 h trente, ils partent en direction de la Côte d'Aime, but de cette exploration.
Chacun alors se documente sur l'histoire et les mœurs du pays, et après avoir fait une ample moisson de renseignements, c'est le retour à Granier.
Pour le repas du soir on s'en remet une fois de plus au bon cœur des villageois, et l'on prend un repos bien gagné, dans la salle du catéchisme.

Jeudi 4 Mars.

       Nous repartons de Granier, très heureux de notre séjour. Des nuages ont fait leur apparition, mais ils ne nous inquièteront pas.
La colonne arrive sans encombre au Cormet et s'apprête à se payer une bonne descente. Dommage que la neige soit si mauvaise !!!...
A mi-descente, nous rencontrons les camarades venus faire de l'école de ski sous les chalets, s'employant à la descente de Scoffier qui venait de se casser la jambe. Son sauvetage effectué sur un traîneau de fortune, nécessite la participation de tous.
Au repas de midi, on commente cet accident avec le chef Rondy qui revient habiter parmi nous.
L'après-midi, un peu de débitage termine cette journée.

Vendredi 5 Mars.

       3 minutes de décrassage chassent les courbatures et les fatigues de la veille. A 9 heures, tout le monde au ski ; les plus forts travaillent le "christ-aval" avec le chef Dumont, les autres, avec le chef Rondy se perfectionnent dans le dérapage en biais et le "crist-amont".
Le temps est splendide, la neige idéale et tout le monde se plaît à constater qu'il fait des progrès sensibles.
Nous rentrons à 1 heure, enchantés de notre matinée.
L'après-midi, certains skieurs, "baratineurs notoires", s'en vont soutirer quelque peu de ravitaillement au braves gens du pays en prévision d'un "petit repas" pour le lendemain.

Samedi 6 Mars.

       Aujourd'hui nous fêtons nos 4 mois de chalet par un gueuleton terrible, ce qui n'est pas pour réjouir les bleus et les quillards qui vont subir leur 3ème ou 4ème piqûre.
Bernot, cuisine avec fureur, dans le bar, avec son assistant Duréault tandis que certains sont au ski et d'autres complètent le ravitaillement.
Voici le menu :croquettes de pommes de terre, rôti de veau, soufflets aux pommes, omelette, fromage blanc, gâteaux, vin à volonté, avec pour digestif, quelques centilitres de rhum, généreusement octroyés par le chef Rondy.
Les piqués se bouchent les oreilles dans leur lit pour ne pas entendre les bruits de voix et les chants.

Dimanche 7 Mars.

       Journée de repos, temps superbe.
Le soir, arrivée au chalet de 4 visiteurs, 2 jeunes filles et 2 hommes, et l'on doit les installer le mieux possible.
Les volontaires sont un peu nerveux ce qui leur permet de faire une veillée du tonnerre au grand ébahissement des arrivés.

Lundi 8 Mars.

       La matinée sera employée en école de ski. L'équipe Grenet qui doit effectuer un raid aux Allues, met à profit ces dernières heures de cours.
L'après-midi, débitage de bois. Lanternier et Chapuis aménagent le chemin aux abords du chalet.
Le soir, au dîner, nouvelle veillée en l'honneur de nos hôtes.

Mardi 9 mars.

       Aujourd'hui l'école de ski eut lieu aux Embouchues (Mont Coin). Le matin, à 9 heures, la caravane s'ébranle, emmenée par le chef Rondy, qui y va d'un bon pas.
Au milieu du chemin, nous laissons Marachian et De Maul-Main qui ne peuvent suivre le train. Le chef de Rouffignac fait serrer les rangs car certains éprouvent des difficultés à tenir l'allure, attendu que le chef Rondy continue la même cadence jusqu'au sommet.
Le panorama que nous découvrons alors est magnifique et paye bien des fatigues de la montée.
A 11 heures et demie, on entreprend la descente qui s'annonce comme une plus belle que nous ayons jamais faite. Nous arrivons au chalet pour prendre le déjeuner que d'aucuns trouvent insuffisant.
Le soir, inspection du matériel de ski. L'équipe Grenet fait ses derniers préparatifs.
A dix heures, cérémonie des couleurs au cours de laquelle le chef de Rouffignac remet solennellement aux Anciens de l'équipe Vincent, l'insigne du chalet de St Guérin.

Mercredi 10 mars.

       A six heures l'équipe Grenet quitte le chalet de St Guérin. L'équipe Vincent vaque aux travaux d'intérieur puisqu'il n'y a plus de ski et assure le nettoyage du chalet.
L'après-midi, débitage de bois.
Le soir, au dîner, nous célébrons, tardivement d'ailleurs, le mardi-gras, par une sympathique veillée d'équipe.

Jeudi 11 mars

       Toute cette belle journée va être consacrée au débitage et aux travaux d'intérieur.
Notre muletier nous a monté des planches et Pressey, remonté au chalet depuis la veille, se met à l'ouvrage. Aménagement de l'atelier et de la remise aux outils.
Bernot roule vers Paris, quel veinard. Mais tout va bien et plus que jamais l'équipe marche au "ptit poil".

Vendredi 12 mars.

       Comme à l'ordinaire les volontaires se partagent : débitage, glace et nettoyage du chalet alors que les charpentiers, sous la conduite de Pressey, après avoir terminé le magasin, s'attaquent à l(infirmerie.
L'après-midi, quelques gars s'occupent du programme du dégagement et aussitôt on se met au travail : les répétitions commencent.
Richard, arrivant de Beaufort, nous apprend qu'il faut un cuisinier pour quelques jours à la popote des chefs. Parisot est désigné : espérons qu'à son retour, il puisse encore rentrer dans son uniforme.

Samedi 13 mars.

       Comme toujours, faute de ski, nous nous entraînons au débitage de bois, doux sport qui demande de bons bras et une angélique persévérance.
Parisot nous quitte pour un stage de cinq jours à la cuisine des chefs à Beaufort. Le soir, le C.P. Trarieux fait une réunion de sa patrouille. Des questions d'intérêt primordial sont étudiées, avec la ferme intention de faire une réunion d'équipe extraordinaire dès le retour du chef Degouey.

Dimanche 14 mars.

       A notre grande surprise, nous nous apercevons qu'il a neigé toute la nuit. Puis vers 8 h 30, la neige recommence à tomber de plus belle jusqu'à 1 h de l'après-midi.
Deux volontaires descendent à Arêches.
Chacun s'occupe de son mieux et vers le soir, on organise des tours de force et d'adresse dans lesquels se signalent Pressey et Belley.

Lundi 15 mars.

       Lever à 7 h comme auparavant, puis après les couleurs, comme nous n'avons toujours pas de skis, nettoyage du chalet pour certains, les autres travaillent dehors, soit au débitage, soit à casser la glace qui est devant le chalet.
C'est le soir que nous attendons les skieurs des Allues. Vers les 6 h ½ arrivent le chef Rondy, Perrier, Dérudet, Giacomi, Hérald, Weiswald.
Les autres doivent arriver le soir même par le train.
Les cuistots Teisseire et Muraz veillent pour les attendre et leur servir à dîner.

Mardi 16 mars.

       Aujourd'hui pas de ski, l'équipe Grenet étant revenue la veille des Allues, toute l'équipe est de repos ainsi que les moniteurs. L'équipe Vincent va donc au débitage où elle abat un travail fou.
C'est aussi la journée du grand départ de quelques anciens du chalet . Gosswiller, Perrier, Dérudet, Lebreton, Fau, Catteau, qui après quelques dernières photos quittent le chalet avec un petit serrement de cœur.

Mercredi 17 mars.

       Le ski reprend enfin pour la plus grande joie de l'équipe qui en avait été privée pendant une semaine. La neige est bonne et le repos n'a pas l'air de nous avoir trop rouillés : le dérapage marche à merveille et les christianas amonts commencent à rentrer.
L'après-midi, débitage toujours, la provision de bois commence à tirer sur sa fin.
Aubry retourne au chalet après sa course à Huez où il a pris part à la course de patrouille.

Jeudi 18 mars.

       Réveil à 6 h ½. Départ à 7 h ½ pour le Grand Mont. Une brume épaisse nous empêche d'apprécier le paysage.
La descente se fait à travers la forêt, très dur. Malheureusement, en descendant, Bethoux s'abime un œil et se foule la cheville.
Nous sommes tous très contents de cette ballade.
A midi, une surprise nous attend, 6 gars des Chantiers de "Jeunesse et Marine" viennent nous surprendre pour faire un stage de 3 jours au chalet.
Le soir, les skieurs ont repos, les autres vont chercher du bois au col de la Louze.
Le chef Degouey nous réunit et nous allons faire notre discussion d'équipe en plein air, au soleil.
Le soir, veillée en l'honneur des "matafs".

Vendredi 19 mars.

       Ecole de ski sur la pente derrière le chalet ; les progrès ont été rapides et sur la bonne neige, on étudie le christiana aval.
L'après-midi, les chefs de Rouffignac et Rondy descendent à Beaufort au recensement.
Nous allons chercher du bois au col de la Louze, par un temps brumeux très désagréable.

Samedi 20 mars.

       Ce matin, c'est le chef Dumont qui se charge de nous faire la leçon de ski, le chef Rondy étant à la réunion des chefs à Beaufort. Les indisponibles s'occupent à l'entretien du chalet.
Le soir, repos pour tous, toilette au torrent et toilette du chalet pour une "Inspection générale" du chef de Rouffignac.

Dimanche 21 mars.

       Le printemps s'annonce par une grosse chute de neige. Qu'il est doux de rester au lit.
Déjeuner à 9 h. R.A.S., sauf la partie de bridge avec le chef de Rouffignac, alors que les volontaires font honneur aux tartes du bar.

Lundi 22 mars.

       Ecole de ski derrière le chalet. Nous étudions le chris-aval. L'après midi est consacrée au réglage et fartage des skis, à des inspections diverses ; le chef Degouey nous donne les dernières instructions relatives au départ pour les Allues et nous invite à nous coucher au plus tôt.

Mardi 23 mars.

       Lever dans la nuit (plus de carbure) à 4 h du matin. La caravane s'ébranle à 5 h 30, alors que Trarieux, chargé comme une mule, s'achemine lourdement mais rapidement vers Beaufort, sur les fesses dans les raccourcis.
Le convoiement du ravito s'effectue sans incident, en car de Beaufort à Albertville, puis après transbordement, d'Albertville à Moutiers, là, les convoyeurs attendent, en déjeunant bien tranquillement, les skieurs. Ceux-ci, en un temps record, passent le col des Génisses.
Le chef Rondy, le sourire jusqu'au oreilles, se montre satisfait de l'homogénéité de l'équipe. Après un arrêt pour permettre à Lanternier de contempler le paysage, et à tous les gars de se restaurer, Bernot note l'heure de passage et l'on repart pour une longue traversée qui nous mènera à (?).
La descente allait commencer, mais le départ ne fut pas brillant. Une pente très raide se présente, le chef Rondy nous conseille de déchausser mais personne ne se dégonfle et l'on se lance en dérapage, crispés sur les cannes. Tout à coup, le chef Degouey voulant battre un record de vitesse, tel un bolide, décrit une parabole dans l'espace, pousse un rugissement, dévisse sous le regard horrifié des gars, et finit par s'arrêter les jambes enroulées autour du cou. Le chef Rondy se porte immédiatement à son secours, défait les nœuds et constate qu'il n'y a qu'une entorse. Ouf... Le chef n'était d'ailleurs pas arrivé en bas que les volontaires avaient tous déchaussé.
On repart, suivis clopin clopant par le chef d'équipe. A 11 h 15, déjeuner. Descente sur Moutiers dans les vignes où les pieds prennent plaisir à se couvrir d'ampoules.
On arrive à 13 h 15. Le chef Rondy repart ½ heure après avec 5 volontaires, en camion jusqu'à Brides-les-Bains pendant que les autres attendent jusqu'à 13 h 45, le camion de Bardassier, qui, moyennant quelques arrêts, et grâce à de bonnes poussées des gars qui trônent sur le chargement, nous mène jusqu'à 200 m du chalet. On transborde le matériel, on prépare le dîner, et on finit par se coucher, minuit étant sonné.

Mercredi 24 mars.

       Après 6 h de sommeil, on se lève ; et tous les volontaires, à part le cuistot, passent prendre le chef Rondy à 8 h 30. Nous montons tout doucement au Pas de Cherfi, les gars n'étant pas très en forme. Enfin, nous arrivons en haut où nous faisons une pause d'une demi-heure pendant laquelle on casse la croûte.
Bonne descente, l'E.C.E. Badelle à la traîne. A son deuxième virage aval, presque en bas de la descente, Duréault encadre un sapin ; un bruit sec, une spatule est cassée. Il termine malgré tout la descente. On rentre au chalet où on retrouve Teissère qui nous a fait le déjeuner qui est bien accueilli.
Une sieste après le déjeuner nous mène jusqu'à 17 h où nous prenons le jus.
La préparation du dégagement nous mène jusqu'au dîner, après lequel nous regagnons sans tarder nos bas-flancs pour un sommeil réparateur.

Jeudi 25 mars.

       Nuit encore un peu courte mais excellente. Le poivre, du vrai, donne à quelques uns des rêves variés et en somme agréable.
Lever à 6 h 30. Mussillon 8 h 10, départ par temps couvert pour le Pas du lac. Montée longue sur une neige qui n'a pas regelé. Vers mi-côte le vent se lève, la neige soulevée du sol cingle, et, nous sommes partis sans anoraks !
Au col, Epitalon junior entreprend le réglage de ses étriers, Delzenne dévisse, perd un cable ; Epitalon junior, deux fois nommé perd un ski, et continue à pied.
On s'attend, on s'attend, on s'attend, ou plutôt on attend le vaguemestre au style si personnel. Le chef Rondy décrit aussi quelques paraboles dues au changements de neige, et voici Mussillon, bientôt suivi du Creux, où Teissère nous a fait un repas idoine.
Sieste, répétition, souper, nuit troublée par la toux de Richard et le ronflement sonore, oh ! combien ! de notre ami Aubry.
Signalons que le pied du chef Degouey a atteint un tel volume qu'il semble suivre les phases de la lune. Il enfle et désenfle en suivant les heures des marées. Un mieux semble toutefois se produire.

Vendredi 26 mars.

       Cette nuit encore, il n'a pas fait froid et la neige est une véritable soupe. Cependant nous partons quand même pour La Tougnette. Vers le milieu de la montée, nous laissons nos sacs dans un chalet, ainsi que Bodelle et Delzenne qui attendront notre retour. Nous continuons la montée lentement au milieu de la neige et du brouillard qui de temps en temps se disperse, mais revient aussitôt.
Nous sommes inquiets pour la descente avec cette visibilité presque nulle et la neige infecte. Après quelques rudes efforts, nous parvenons quand même au but, et nous préparons immédiatement pour la descente. Celle-ci s'effectue prudemment par de longues traversées. De temps à autre, nous attendons notre C.P. Trarieux qui n'a pas l'air très à son aise. Au passage, nous prenons nos sacs et filons sur le village de Nangerel, laissant le chef Rondy près de Mussillon. Dîner assez copieux au chalet du Creux.
L'après-midi préparation du dégagement. Nous avons la visite du chef Rondy, qui nous annonce repos pour le lendemain à cause de la neige et du mauvais temps.
Le soir, veillée autour d'un feu de cheminée dans la chambre. Nous décidons de faire un repas "tonnerre" le lendemain.

Samedi 27 mars.

       Journée de repos, nous nous levons donc un peu plus tard. Après le déjeuner quelques ravitailleurs partent en chasse pendant que les autres nettoient le chalet ou préparent le dégagement.
Pour récompenser la famille qui nous prête des gamelles, Delzenne et Burlet vont leur faire du bois pendant 2 h environ. Pendant ce temps, les experts cuistots s'affairent autour du poêle ou de la broche où grillent quelques succulents poulets.
A 12 h 30, repas sympathique et copieux. L'après-midi, le chef Degouey nous quitte pour se rendre chez lui, profitant d'une occasion unique. Ensuite, derniers préparatifs pour le dégagement et le départ à St Bon de demain matin.

Dimanche 28 mars.

       Journée faste s'il en fut car elle marque le début du ski de printemps.
Départ 9 h 45 pour St Bon. Magnifique traversée en forêt ou dans les vertes prairies. Détail à noter : nous avons les skis sur l'épaule. Arrivée prévue 11 h 30, arrivée effective 13 h. Ceci n'est pas dû, comme on pourrait le penser, au changement d'heure qui n'a eu lieu que le 29, mais au manque de carte d'Etat-Major (signalons que cette carte coûte la modique somme de 2 F 85).
Difficultés pour le dégagement à St Bon. Nous piquons schuss sur Bozel à grandes enjambées car, détail à noter, nous avons toujours les skis sur l'épaule.
A Bozel, rien à faire pour le dégagement, pas d'électricité dans la salle des fêtes. L'équipe Vincent sent vaciller son moral : aucune chute d'eau dans le voisinage, et, malgré notre longue pratique, il est impossible d'installer une turbine.
Heureusement nos peaux sont collées et nous attaquons la remontée vers St Bon. Détail à noter : nous avons toujours les skis sur l'épaule.

Lundi 29 mars.

       Nuit chez Chapuis ; départ le lendemain vers Brides. Belle descente, si belle que nous n'avons pas décollé nos peaux, car, détail à noter, etc... (je fais grâce au lecteur du reste de la phrase qu'il doit commencer à savoir par cœur).
Remontée lente par des pentes raides vers les Allues. Détail à noter : nous n'avons plus les skis sur l'épaule ; le lecteur naïf pourrait croire que nous les avons aux pieds, mais le skieur de printemps averti aura compris de lui-même que nous les avons laissés à Brides.
Arrivée sans histoire, repas ; une nuit dont le calme est plein ein ein ein de mystère nous amène au...

Mardi 30 mars.

       Départ, après nettoyage du chalet, vers Brides à 7 h 30. Nous cueillons les skis au passage et piquons vers Moutiers à toute allure, expérimentant une nouvelle forme de ski de printemps : entassés dans l'électrobus, sacs et skis dans la remorque.
Voilà Moutiers, sacs au dos skis sur l'épaule (détail à noter) et en route vers la gare. Réflexion d'un volontaire : "Chef, depuis que je fais du ski de printemps, j'ai des durillons plein les épaules.".
Et nous attendons 11 h pour goûter la dernière forme de ski de printemps, le car gazogène.
Notez, oh lecteur, que le ski de printemps ainsi conçu peut se pratiquer même l'été, auquel cas nous vous conseillons de remplacer les chaussures de ski par des chaussures cyclistes, les skis par un bon vélo, et les peaux par un dérailleur. Ces légers changements, tout à l'avantage de vos épaules, ne vous empêcheront pas de baptiser ski d'été ce genre de randonnée.
Montée à pied de N.D. de Briançon vers Naves, station de ski de printemps et pays des fleurs. Détail à noter etc...
Repas sympa chez les "indigènes", et départ par une belle traversée en forêt vers la vallée de Grand' Maison. Détail à noter etc... Enfin, le sol paraît couvert de cristaux cubiques blancs où nous marchons péniblement, courbés sous le poids des sacs. Chacun regrette de n'avoir pas de raquettes quand, soudain, on se souvient que nos skis sont sur nos épaules et, nous chaussons.Trèves de plaisanteries.
Montée longue, en une riante vallée, bonne neige malgré l'heure. Enfin le col de la Louze se détache au loin, la neige reste bonne. Au col, croûte horrible, descente longue, surtout pour certains : vaguemestre, lampiste honoraire et même chef de patrouille.
Arrivée 19 h 30, onze sur quatorze des volontaires étant revenus par la montagne.

Mercredi 31 mars.

       Après notre retour du raid, une journée de repos va nous remettre de toutes nos fatigues. Nous retrouvons Simon et Couttet de retour de l'équipe de compétition. Ils descendent à Arêches pour construire le mur de l'équipe Grenet qui est incapable de le faire tandis que nous faisons un grand nettoyage, une sérieuse toilette, et que nous rangeons nos affaires.
Grand scandale à l'intendance : l' E.C.E. Bodelle prend l'affaire en main avec énergie, mais ne peut récupérer, ni même savoir où est passé ce qui a disparu, aussi devrons nous nous serrer la ceinture pendant une semaine.


 
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