- Equipe Vincent II -


Vendredi 18 (Pralognan)

       Notre C.P. est parti choisir du bois pour monter nos bas-flancs.
Belzenne s'occupe de l'électricité qui marche avant la nuit
. Mais dès le matin, nous nous sommes partagés en équipes pour trouver de la paille. Nous en avons assez et pourrons rendre celle prêtée par un paysan pour la nuit dernière.
Vraiment, nous avons bien travaillé car un des bas-flancs est terminé avant la nuit. Comme toujours, nous préparons notre dégagement que nous comptons donner dimanche.

 

Samedi 19 (Pralognan)

       Ce matin, nous nous réveillons pleins d'ardeur.
Comme toujours, le jus est excellent, et ce qui est encore plus appréciable, et réconfortant. Le second bas-flanc est mi-achevé avant midi.
Les autres n'ont pas perdu leur temps et vont au ravitaillement comme toujours. Le Chef Rondy a trouvé du bois et Richard part le chercher avec quelques camarades.
Le dernier bas-flanc est terminé à la grande joie de tous, le bois entassé dans une pièce à côté : notre travail est donc virtuellement terminé.
Mais, pour bien finir cette journée, nous faisons une ultime répétition de notre dégagement. Un allant formidable, chacun y met du sien.
Et ce n'est pas tout, le Chef Perrier a eu la clé de la salle du Foyer et après le repas, nous allons y répéter. Tout va "au poil" et, avec le fourneau installé, nous pouvons espérer nous en sortir honorablement.

 

Dimanche 20 (Pralognan)

       La veille nous avons bien travaillé, notre répétition s'est prolongée tard dans la soirée et nous sommes bien heureux, pour un Dimanche, de nous lever vers les 9 h moins le quart. Nous prenons notre jus en pyjama, nous "glandouillons" encore un peu et finissons par nous trouver prêt vers les 10 h 30 pour la Messe. Le curé de l'endroit a un succès fou. Son sermon est particulièrement apprécié par son incohérence et son caractère algébrique. Un bon diable de curé au verbe haut, aux génuflexions rapides. Les enfants de chœur eux aussi ne sont pas mal réussis, mais le clou est à la porte, affiché à côté des horaires des Messes : un communiqué maison comme on en voit rarement. On y parle vaguement de la victoire des alliés russes sur le << monstre satanyque couvert de mensonges et de sang >>. La victoire avance à grands pas et déjà l'idole branle sur son socle et proteste de son innocence. Gardons confiance ! ! …Nous allons commenter toutes ces "nouvelles" chez le cordonnier. Cet après midi, nous nous rendons à la salle du Foyer. On balaie, on installe les fauteuils et grosso modo, nous assignons à chacun son rôle pour la soirée. Et nous sommes libres. Une chose nous tracasse cependant, nous avons un poêle et pas de tuyaux. Nous attendons le propriétaire du Foyer. Il arrive vers 5 h 30 et nous pouvons enfin allumer le feu, mais, quelle journée !
8 h 30. Nous recevons nos premiers visiteurs.
Papin et Julien tiennent la caisse. Les liasses de billets grossissent à vue d'œil, les coupures disparaissent, les grosses, dans le portefeuille à Julien. De temps à autre, nous nous soufflons les chiffres, 200, 500, 750, 900, 1100, etc… La salle est comble.
Le spectacle commence à 9 h 15. Chants d'ouverture : Sur les Monts - le Vent. Puis " l'automate" par Richard. Très réussi. "La chanson du maçon". Gros succès. Julien chante deux romances, un peu le trac au début mais il s'en sort fort bien.
Et en attendant le numéro de "clowns", Delzenne tient un peu la scène avec un allant terrible.
Parisot le seconde efficacement et durant trois-quarts d'heure, la salle retentit des applaudissements de l'assistance. Les petits surtout ont leur part de plaisir.
Et dix minutes d'entracte aussitôt suivies de la vente aux enchères : 3 plaques de chocolat rapportent la coquette somme de 750 frs. Une fois de plus Tesseire et Papin se sont dépensés et ce dernier en a une extinction de voix.
Et l'on continue par "les athlètes 1900" (C.P. Perrier et Tesseire, secondés par Papin). Succès énorme. Parisot, notre ténor, obtient aussi un joli succès. Et voici le "Rancho Grande" aussitôt suivi du "Bonsoir les gars" chanté par Delzenne.
L'hymme de Jeunesse et Montagne termine la soirée. Et maintenant, après 2 h 30 de spectacle, la foule se retire.
Aussitôt nous partons et sommes invités par le cordonnier à boire un bon coup de blanc, ou plus exactement très tôt car il est 2 heures du matin. 1960 frs de recette et la satisfaction d'avoir réussi.

 

Lundi 21 Décembre (Pralognan)

       Qu'il est pénible de se tirer des couvertures lorsqu'on s'est couché si tard ! Le cuisinier doit "brailler" pour réveiller tout le monde.
Heureusement, un bon jus nous remet tous d'aplomb et les uns vont balayer la salle du Foyer de Pralognan, tandis que les autres restent au chalet pour l'entretien général.
Après un déjeuner confortable où chacun conte les impressions recueillies dans le village sur les différents numéros du dégagement de la veille, tout le monde part au ravitaillement.
Seul, le C.P. Perrier, Papin et Julien restent auprès du feu. A cinq heures tous rentrent pour apprendre avec consternation que nous devons regagner Beaufort pour Noël, mais bientôt l'annonce d'une permission de détente pour les gars de St Guérin nous rend perplexes.
Il faut faire de la place aux scouts, et partir à moins de raison grave. Finalement lorsque le chef Rondy est de retour, c'est une atmosphère indescriptible où joie et regret se mêlent : les uns désireraient attendre plus tard pour la perm, tandis que le C.P. Perrier et Cheval sont d'une gaîté bruyante !
Nous fêtons ce soir notre succès à Pralognan et les cuisiniers s'affairent autour des gamelles. Pour la circonstance Papin a pris la responsabilité de la crème au chocolat.
C'est dans la gaîté que nous nous attaquons à une purée qui devait décourager les plus gloutons. Ensuite un solide plat de nouilles. On finit par caler sur la crème au chocolat, une crème au chocolat comme on en voit peu. Mais bientôt la fatigue, et peut-être aussi les effets de la bonne chère, précipitent l'heure du couvre-feu

 

Mardi 22 décembre (Pralognan)

       Lever assez tard. Afin d'avoir de la place pour absorber le jus, les volontaires finissent leur crème au chocolat de la veille.
Le chef Rondy entre en coup de vent. Nous devons faire nos sacs car nous partons à 10 h 30 ; nous avons l'occasion d'un autocar qui descend à Moutiers.
En cinq-sept tout est terminé. Un petit incident : le chef Goran a égaré son pain !! Et nous faisons nos adieux à Pralognan avec du regret au cœur.
Tout le long de la route nous chantons et, à 10 minutes de la Perrière, nous embarquons notre Cheval qui se contentera de voir son village l'espace de quelques secondes. A Moutiers nous prenons notre casse-croûte dans un café et montons dans le car d'Albertville vers les 2 h 30.
A Albertville, nous avons l'agréable surprise de trouver un camion qui nous monte à Arêches. Le voyage a été vraiment sympa.
Après un arrêt à Arêches, nous regagnons St Guérin. Nous nous retrouvons avec plaisir, chacun raconte son histoire.
Pour l'équipe de "Pralo", nous avons trouvé notre séjour "au poil". Nous avons eu un avant-goût de cet esprit d'équipe dont on nous parlait tant. Espérons pouvoir l'apprécier encore par la suite !

 

Mercredi 23

       Nous nous réadaptons à la vie de chalet, la matinée passe vite : réinstallation, toilette, etc… et nous sommes libres jusqu'au soir à 7 h.
Les uns restent au chalet pour l'entretien général et la cuisine, les autres descendent à Arêches pour la préparation à la Messe de Minuit.
On parle de la perm, les coups de téléphone se succèdent pour en régler les différentes phases.
Et l'on pense au réveillon. Ah ! Ce réveillon, ce sera terrible.

 


 
Retour Liste des équipes    Séjour aux Allues    Noël 1942