- Equipe Grenet -


Lundi 1er septembre 1941

     Nous voici presque tous installés dans nos lits superposés, il y en avait quelques-uns qui ne voulaient pas se résigner à occuper le lit supérieur, il a fallu jouer cela à "pile ou face".
Une partie de l'équipe est au bois, d'autres sont au baraquement, deux gars sont occupés à la récupération des clous.
Aujourd'hui à déjeuner, nous avons des sardines salées, des choux et carottes et beefsteak ; le soir potage, purée et sérac (c'est un fromage du pays).

Mardi 2 septembre 1941

     On se lève tard, le Docteur (Docteur auxiliaire Martin Lalande) arrive à 11 heures. Nous sommes piqués à 12 h.
Vers 16 h nous avons tous un peu mal à l'épaule, le soir nous buvons du thé. Pas de malade à part Barbier qui est un peu abattu, pauvre "Pierrot" il est méconnaissable !

Mercredi 3 septembre 1941

     Nous nous réveillons avec le bras endolori, buvons café au lait et à midi repas léger sans viande ni vin (purée de patate et confitures).

Jeudi 4 septembre.

     Aujourd'hui les préparatifs de départ pour Roselend. Nous sommes contents d'aller voir un peu de pays.

Vendredi 5 septembre

     Partons pour Roselend ; nous passons par le col des Charmettes.
Nous voici à Roselend, c'est un petit pays avec d'admirables champs de ski ; pour le moment, il n'y a que des vaches. L'endroit où nous couchons est une écurie très basse ; elle se trouve à 700 ou 800 m du réfectoire. Enfin nous voici casés.
Enjoubert rentre à la cuisine ; demain, nous autres nous irons au chantier. Il ne reste à St Guérin que le chef Guers, Bertrand qui va garder le chalet pendant quelques jours, et Reboul qui est malade.

Samedi 6 septembre

     La vie ici à Roselend diffère de St Guérin, nous ne sommes pas très bien couchés, le lever est à 6 h 45, décrassage, couleurs à 7 h 20 puis petit déjeuner (ici, il n'y a pas de café au lait).
Ensuite le travail au chantier commence. On fait les fondations des chalets, nous sortons du gravier dans des brouettes, il faut faire 60 voyages.
Le soir on ne songe guère à aller dans le pays, sitôt le souper avalé et les pluches faites, nous allons nous coucher.

Dimanche 7 septembre

     Quelques-uns vont à Beaufort, d'autres restent. Nous sommes tous ensemble (ceux de St Guérin). On en profite pour se laver à une petite source qui coule à proximité de l'écurie-dortoir.

Lundi 8 septembre

     Au chantier à Roselend, nous commençons à apprécier St Guérin car, le soir, nous n'avons pas chaud, nous avons 6 couvertures chacun, mais sur deux portes, il y en a une par terre toute démolie, l'autre ne ferme pas.

Mercredi 17 septembre

     Pendant ce laps de temps, l'équipe se comporte bien à Roselend, le matin quelques spécialistes : Baldet, Flacher, Mussy sont à la construction du chalet, les autres sortent du gravier du torrent. Nous avons chacun 40 voyages à faire dans la journée, 40 voyages de 35 kg.

Jeudi 18 septembre

     Allons toujours au gravier, les uns remplissent les sacs, d'autres les portent au chemin et 3 muletiers avec leur charrette mènent ce gravier au chantier.

Vendredi 19 septembre.

     Nous allons au chantier ; à midi nous apprenons que nous serons piqués pour la 2ème fois à 10 h.

Samedi 20 septembre

     Sommes piqués effectivement vers 10 h. Nous nous étendons dans le pré qui se trouve à côté de notre chantier.
Quelques incidents à signaler : Dussert pour avoir croqué un biscuit se trouve mal et Enjoubert est dehors (j'entends un drôle de bruit). Il est en train de rejeter le peu de pain et de confiture qu'il avait mangé.

Dimanche 21 septembre.

     Nous sommes tous un peu endolori, nous allons déjeuner et nous mangeons à midi sans viande.

Lundi 22 septembre.

     Nous retournons au chantier, nous ne sommes pas encore bien remis, mais de porter les sacs nous remet bien vite en forme.
Aujourd'hui on a choisi 5 volontaires pour faire la haie d'honneur au Maréchal Pétain à Albertville.

Mardi 23 septembre.

     R.A.S. Toujours au béton.

Mercredi 24 septembre.

     Une partie des gars au gravier, les autres font des moellons et remplissent les coffrages.

Jeudi 25 septembre.

     R.A.S. Nous sommes quelques-uns qui désirons aller faire un tour à St Guérin pour y voir nos copains (Barbier, Maresca, Dussert, Nicolini) qui sont revenus à leur point d'attache pour couper le bois et construire un hangar.

Vendredi 26 septembre.

     Ce matin, Lapierre descend à Beaufort, il a dû attraper une bronchite.

Samedi 27 septembre.

     Le travail continue à Roselend, un des chalets est bientôt monté, l'autre se monte.
Laissons nos gars à Roselend et voyons un peu le Groupe de St Guérin, qu'est-il devenu depuis le 4 septembre ?
Depuis notre départ, le groupe de St Guérin a sommeillé. Bertrand garda le chalet pendant une dizaine de jours, puis rejoignit le camp de Roselend. Le chalet resta fermé quelque temps jusqu'au jour où le chef Desjoyaux quitta Roselend avec Barbier, Nicolini, Maresca et Dussert pour venir terminer la coupe de bois.
Du 23 septembre au 12 octobre, ils restèrent tous les cinq, ils remontèrent un câble de Beaufort, ils abbattirent des arbres et firent beaucoup de travail, l'un d'eux faisait la cuisine, un autre allait au ravitaillement.
Enfin, le 12 octobre, arrivait à St Guérin une dizaine de gars qui par leurs chants et leur gaieté devaient redonner à St Guérin sa vitalité disparue. Ils s'installèrent dans la chambre du bas, ils vaquèrent à des travaux d'installation. Ils allèrent en ballade au Grand Mont le 14 avec le chef Guers.

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