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Mardi 3 Novembre De Beaufort à St Guérin, le parcours fut long et pénible, et les pauvres volontaires, chargés comme des mulets, firent des efforts méritoires au cours de cette marche exténuante, tempérée seulement par un arrêt d'une ½ heure à Arêches, charmante localité, où nous déposâmes avec un indicible soulagement les bagages qui nous bridaient les reins, et nous meurtrissaient les épaules. La route nous parut effroyablement longue et l'on parvint au chalet, alors qu'on désespérait d'y arriver jamais. C'est à demi-conscients que nous nous présentâmes aux anciens qui, rangés en bon ordre sur la terrasse du chalet, nous souhaitèrent la bienvenue par un triple hurrah ! Ils nous firent les honneurs de leur rustique demeure et dans une des chambres du bas, nous découvrîmes avec un rien de surprise un pacifique taureau qui nous laissa du lieu un odorant souvenir. Après un bon repas, les Chefs de patrouille nous mettent brièvement au courant des habitudes du chalet et des nécessités de la vie en équipe. Puis nous prenons part à une veillée JM, très sympathique, au cours de laquelle, chacun peut apprécier les réels talents de certains des anciens qui, par leur brio et leurs chants mirent en gaieté l'assemblée tout entière. Le tour du monde en transatlantique fut, entre autres farces, des plus goûté. La veillée terminée, nous prenons congé et les couvertures étant réparties, chacun s'ingénia à se faire le meilleur des lits. Mais avant de se coucher, il nous faut subir de bonne grâce un interrogatoire particulièrement serré sur sa vie intime, son déjeuner préféré. Chacun s'y soumet avec une bonne grâce toute relative, mais les anciens prennent leur jeu au sérieux et les récalcitrants voient avec douleur leur postérieur se teinter du plus beau noir ... Mercredi 4 Novembre Extirpés des bras de Morphée par un "debout là dedans" retentissant, nous nous retrouvons en deux temps et trois mouvements dans la salle d'équipe pour y ingurgiter le jus. Aussitôt après et par un temps splendide, nous faisons deux heures de "bacotages" sous l'œil narquois d'un chef amusé de nos gaucheries. Puis c'est le repas de midi avec le cérémonial d'usage.A la sieste de deux heures succède un cours de chant particulièrement suivi, le reste de la soirée se passe à fumer nostalgiquement les dernières cigarettes et dans l'attente du repas du soir. Après souper l'on écrit ses premières lettres et l'on se couche sagement. Jeudi 5 Novembre Ce matin, nous avons été réveillés par la pluie, nous restons au chalet. Après les pluches traditionnelles, nous avons une conférence sur la montagne. Je n'omettrai pas de signaler la création d'un cours de modèles réduits. Puis notre chef d'Equipe nous reçoit tour à tour dans son bureau. Voici que la pluie s'est changée en neige. Tiendra t-elle ? nous le souhaitons ardemment. L'après-midi, nouvelle conférence, cours de chants. Voici que la nuit tombe, encore une journée de passée... Non, elle n'est pas finie. Six nouveaux "bleu" arrivent et nous les accueillons par un triple "hourrah"! Il y a une veillée ce soir. Plein succès, je retiendrai particulièrement l'interrogatoire d'usage, avec ses questions savoureuses et ses réparties piquantes. Une dernière fois nous entonnons "les bataillonnaires" et allons nous coucher. Vendredi 6 Novembre Le mauvais temps persiste et nous tient toute la matinée au chalet. On s'installe courageusement aux pluches, et ce petit travail terminé le reste du matin est coupé de séances de chants. L'après midi, après un nouvel exercice incantatoire : tout le monde en short pour le "décrassage". Une pluie fine tombe toujours et c'est dans de la boue blanchie par quelques flocons de neige que se font nos premiers ébats. Nous rentrons rapidement, nous changeons et redescendons dans la salle d'équipe où chacun s'occupe à sa guise en attendant l'heure du réconfortant souper. A la veillée, conférence du chef qui, après quelques mots de réconfort à l'égard des volontaires défaillants ou mordus par le cafard, nous apprend notre travail pour les jours suivants : coupe de bois, travailler à dévier un torrent en vue d'installer l'électricité. Il nous fait part également de satisfaire notre amour de la "bougeotte" en nous faisant donner des dégagements dans les environs. Il fait également un appel discret à notre porte-monnaie en vue de l'établissement d'un bar au chalet. Et c'est sous l'agréable perspective des journées d'hiver que l'on retourne au lit. |